Steeve McQueen réalise un film sur l’esclavage pur et dur. A
défaut d’autres films récents où l’esclavagisme sert de décor à l’histoire, c’est
ici l’histoire en elle-même. McQueen met très bien en scène cette période de
l’Histoire avec, bien sûr, des décors et des costumes très réalistes, et
surtout avec des scènes atroces et parfois insoutenables. Il fixe de sa caméra
les violences faites aux corps, les visages éprouvés. On ne quitte pas Solomon
Northup d’une semelle, de son état d’homme libre à celui d’esclave. Dit comme
ça, l’histoire semble être inversée, n’est-ce pas ? C’est peut-être ce qu’il y a de si tragique dans ce récit. Le
personnage passe 12 ans en tant qu’esclave à la merci d’exploitants plus ou
moins sévères mais j’ai trouvé que l’on ne se rend pas compte de cette longue
durée. Il n’y a pas d’indices montrant le temps qui passe, ces 12 années qui
défilent. En arrivant à la fin du film, c’est quelque chose qui m’a sauté aux
yeux.
Les acteurs de 12 years a slave sont tous géniaux. Bien
évidemment, il y a des grands noms du cinéma, notamment Michael Fassbender, que
l’on a littéralement envie de massacrer, mais aussi d’autres comédiens moins
connus qui dépassent leurs aînés. Chiwetel Ejiofor, il est très fort ! Il
arrive parfaitement à retranscrire tout le sens de son personnage, Solomon
Northup, au fil des scènes. Solomon passe par plusieurs étapes lors de sa
captivité, des étapes que Chiwetel nous fait bien comprendre par des émotions très précises. J’ai surtout
flashé sur l’interprète de Patsey, Lupita N’yongo, c’est d’après moi la meilleure performance du film. On y croit
complètement et on ressent vraiment sa souffrance. C’est aussi, d’après moi, le
personnage du film qui inspire le plus de tristesse et de compassion.
En bref, 12 years a slave est ce qu’on peut appeler un « beau
film » avec des acteurs au taquet qui interprètent des personnages
authentiques, un bon rythme, des scènes fortes et ingénieusement tournées
permettant d’en extraire tout le potentiel. L’émotion suscitée par le thème est
au rendez-vous sans être exagérée. J’ai aimé ce film sans pour autant avoir une
envie particulière de le revoir sur-le-champ, ce qu’il m’arrive parfois en sortant de
la salle. Peut-être manque-t-il un petit quelque chose. Mais ce n’est pas ce « petit
quelque chose » qui va enlever toute la beauté et la force de ce film ou même qui va m’empêcher
de vous le conseiller. Voici pour finir la bande-annonce de 12 years a slave,
puisse-t-elle trouver des amateurs !
NB : Comme toujours, n'hésitez pas à commenter mon avis sur ce film, qui a tout de même remporté le Golden Globe de Meilleur drame !
Mathias
Si tu as aimé ce film, je te conseil Le Majordome qui aborde un autre grand thème des Etats-Unis, la ségrégation, ou encore Jango Enchained qui relate lui aussi de l'esclavage.
RépondreSupprimerOui, j'ai justement pensé à ces deux films en écrivant cette critique ! J'ai bien aimé Django Unchained, très original dans le genre et qui prend pas mal de libertés par rapport au thème. Par contre j'ai trouvé Le Majordome un peu plat, j'ai été un peu déçu. C'est qu'ils sont là : "Wow, voyez ce qu'a vécu ce majordome aux côtés des présidents américains et voyez l'évolution de la société aux Etats-Unis, wow quelle vie ma-gni-fi-que, wow bravo, wow c'est trop beau !" J'avais trouvé la bande-annonce un peu kitch, (genre "grand film américain") et j'espérais que le film ne le soit pas autant. C'était le cas, mais ca n'empeche que c'est un beau film ! J'ai surtout préféré les scènes lorsque le fils du majordome s'oppose aux blancs radicaux.
SupprimerOui, c'est vrai que c'est un peu ça; même si l'histoire est vraie, ils ont rendue la chose...comment dire? Bien mode marshmalow sur certains points, effectivement. N'empêche que les acteurs sont just géniaux! Personnellement, moi qui suis allée le voir au cinéma, j'ai pleuré à plusieures reprises, tant de tristesse que de joie ou même de haine. Somme toute, ce film est très fort émotionnellement si t'es à fond dedans, mais c'est vrai que je trouve que l'histoire en elle-même est très..."américanisée"?
RépondreSupprimerParles-tu de la scène du restaurant où les jeunes sont assis et demandent à être servis?
On est d'accord ! ;) Oui c'est bien de cette scène à laquelle je pense !
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